miércoles, 15 de agosto de 2012

BUSCA LA MÚSICA ANTE TODO


L'Art Poétique, treizième pièce de Jadis et Naguère, 1874.


                                   À Charles Morice

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.


Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise:
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.


C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!


Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor!


Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine!


Prends l'éloquence et tords-lui son cou!
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où?


Ô qui dira les torts de la Rime?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime?


De la musique encore et toujours!
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.


Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.


                                      Paul Verlaine

jueves, 9 de agosto de 2012

Más 'Correspondencias'


                  Correspondencias

La Creación es un templo de pilares vivientes
que a veces salir dejan sus palabras confusas;
el hombre la atraviesa entre bosques de símbolos
que le contemplan con miradas familiares.

Como los largos ecos que de lejos se mezclan
en una tenebrosa y profunda unidad,
vasta como la luz, como la noche vasta,
se responden sonidos, colores y perfumes.

Hay perfumes tan frescos como carnes de niños,
dulces tal los oboes, verdes tal las praderas
- y hay otros corrompidos, ricos y triunfantes,

que tienen la expansión de cosas infinitas,
como el almizcle, el ámbar, el benjuí y el incienso
que cantan los transportes de sentidos y espíritu.

                                   Traducción de Luis Martínez de Merlo

Las flores del mal, Cátedra, Letras Universales (2007: 95-97; 1991)

martes, 7 de agosto de 2012

'Correspondencias' encore...

...en la versión del profesor José María Valverde


La Naturaleza es un templo donde vivos pilares 
dejan a veces salir palabras confusas; 
 el hombre por él pasa a través de los bosques de símbolos 
 que le observan, con miradas familiares. 

 Como largos ecos que de lejos se confunden 
en una tenebrosa y profunda unidad, 
 vasta como la noche y como la claridad, 
los perfumes, los colores y los sonidos se responden. 

Hay perfumes frescos como carnes de niños, 
 dulces como los oboes, verdes como las praderas, 
— y otros, corrompidos, ricos y triunfantes, 

con la expansión de las cosas infinitas,
 como el ámbar, el almizcle, el benjuí y el incienso, 
 que cantan los transportes del espíritu y los sentidos.

RIQUER, M. y VALVERDE, J.M. (2010): Historia de la literatura universal, II. Madrid, Gredos.

domingo, 5 de agosto de 2012


Correspondencias
 
La Natura es un templo de vivientes  pilares
que susurran a veces los confusos vocablos;
y el hombre atraviesa por florestas de símbolos
que lo observan con ojos de mirada habituada.
 
Como ecos extensos, confundidos, lejanos,
desde una unidad tenebrosa y profunda,
amplia como la noche y como la claridad
colores y perfumes y sones se responden.
 
Hay perfumes tan frescos como carnes de niños,
dulces como el oboe, verdes como los prados.
Pero hay otros corruptos, opulentos, triunfantes,
 
infinitas materias, de expandirse capaces,
como ámbar, almizcle, benjuí e incienso,
coreutas de los éxtasis del sentido, del alma.
 
                               Charles Baudelaire (Las flores del mal)


                    Correspondances 

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. 
                     
                                                (Les Fleurs du mal)